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A voir Sri Lanka - temple Koneswaram

Surplombant la spectaculaire baie de Trincomalee, le grand temple hindou (kovil) de Koneswaram se dresse au sommet du promontoire rocheux appelé Swami Rock. Telle une sentinelle bienveillante, l’avancée de granit entouré de toute part par la mer offre une vue remarquable sur l’étendue d’eau, refuge saisonnier des rorquals bleus.

Le kovil de Koneswaram est un des cinq sanctuaires dédiés à Shiva édifiés sur le littoral sri-lankais. À son zénith, la taille et la splendeur de Koneswaram étaient telles que sa renommée allait bien au-delà des mers. Même si les origines de Koneswaram font toujours débat, on pense qu’il porte une histoire de plus de trois millénaires. Mais c’est en 205 av. J.-C., sous le règne du roi chola Elara que l’influence de Koneswaram a pris le plus d’ampleur. Le kovil était alors le centre d’une cité hindouiste tentaculaire de la taille de l’ancienne Madurai. Surnommé en Europe « la Rome des païens d’Orient » ou encore « le temple des mille piliers », Koneswaram était jusqu’au début du XVIIe siècle un des complexes religieux les plus importants de la période classique dravidienne.

Les Portugais ont détruit le temple en 1624 pour construire à son emplacement un fort, afin de renforcer la défense de ce qui était à l’époque un des ports les plus stratégiques d’Asie. Des prêtres et fidèles tamouls sauvèrent ce qu’ils purent des reliques du sanctuaire avant de les enterrer. Mais c’est au fond de l’océan que la plupart des structures du temple finirent.
Si le temple d’aujourd’hui est loin de la magnificence d’avant 1624, il reste néanmoins un témoin miraculé de l’histoire de l’hindouisme au Sri Lanka. Les travaux de restauration de Koneswaram ont été achevés en 1963 en usant des vestiges qui ont pu être déterrés ou remontés à la surface des eaux de la baie. C’est le photographe Mike Wilson et l’auteur de science-fiction Arthur C. Clarke qui lors d’une sortie en plongée ont découvert ce trésor caché dans les profondeurs de la baie. Suite à cette étonnante découverte, des pièces essentielles à la reconstitution du temple ont été remontées à la surface. La plus emblématique de toutes étant le vénéré Lingam Swayambhu ; un grand phallus en pierre provenant d’un sommet tibétain. La découverte a été publiée par Clarke en 1957 dans Le Trésor du Grand Récif.

 

Il y a beaucoup d’activité dans le temple, plein de sons, de couleurs et de senteurs. On peut assister à un pooja, une cérémonie religieuse captivante au cours de laquelle des offrandes sont données aux divinités (riz, banane, noix de coco…). Ne pas manquer dans la cour l’arbre sacré Vilvam, une espèce habituellement porteuse du fruit wood apple, mais qui est ici surchargé de cagettes en bois accrochés par des fidèles désirant des enfants.

En redescendant le long de Fort Frederick qui abrite aujourd’hui une garnison de l’armée, il est courant de croiser des daims en train de pâturer à l’ombre des banians. Des morceaux de roches provenant de l’ancien temple rasé par les Portugais ont été utilisés pour la construction du fort. Des dalles et des pierres taillées avec dessus des inscriptions datant du temple original peuvent y être observées. Les Hollandais, puis les Britanniques (de même que les Français brièvement) ont pris le contrôle du fort suite aux Portugais et l’ont transformé. Près de la porte principale, on peut voir sur une dalle gravée deux poissons, symbole du royaume tamoul de Pândya, rappelant le passé dravidien de ce lieu magique.

 

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